lundi 30 mars 2009

Les liens du passé

Debout à la fenêtre. Songeuse. Il fait nuit.
J'observe les lumières de la ville s'étendant au loin.
Mes pensées se bousculent dans ma tête. Mais dehors tout est calme, juste des bruits lointains me parviennent.
Je lève la tête, je peux voir le ciel loin et dégagé ici, je surplombe et j'observe les étoiles.
Un jour, je les rejoindrai. Peut-être enfin trouverais-je la paix. Et ma vie...une goutte de pluie...
Seule face à moi-même, je rêve.
Je rêve ma vie sans toutes ces chaînes.
Toutes ces chaînes que je me crée moi-même.
Et toutes celles dont on m'a liée.
Pourquoi se laisse t-on enchainer?
Comment peut-on se délier de tous ces liens du passé?
Ceux qui vous ont malgré tout créée.
Pourquoi n'ont-ils jamais pu me montrer comment il fallait aimer sans s'entredéchirer?
Pourquoi m'avoir faire endosser tous ces fardeaux que vous n'avez jamais su délaisser?
J'aurais tant aimé entendre ces mots que je ne me souviens pas d'avoir entendu des lèvres effleurés. Et moi, du coup, j'ai tant de mal à les laisser s'échapper.
Mais on a toujours quelque chose à reprocher, et rien n'y fait.
J'ai alors pardonné. Parce que je sais que l'on fait comme on peut, avec ce que l'on est, et aussi ce que l'on nous a donné.
Mais j'aurais tant aimé...
Et à toi mon père, trop renfermé sur toi, enfant, je te le disais...que même si on n'a pas appris, on peut essayer de montrer.
Mais je n'ai pas été écoutée, ou alors n'ai-je pas trouvé les mots pour te parler.
Je suis même allée jusqu'à te provoquer, mais je n'ai récolté que ce que je redoutais parce que tu ne comprenais ou n'arrivais pas à me montrer ce que je souhaitais. Même si sans doute à ta façon tu le faisais.
J'en ai pleuré.
Je n'ai jamais été maltraitée loin de moi cette idée, et encore moins une innocente victime n'ayant rien à se reprocher, mais personne n'y a rien gagné.
Et même si au fond je savais que je l'étais, j'avais besoin qu'on me dise, que tu me dises, que je puisse être aimée pas juste parce que je faisais ce que de moi on attendait, mais pour ce que j'étais.
J'ai alors guetté dans ce qui ne se disait , les signes que j'attendais.
Je m'y suis malgré moi habituée et je n'ai pas appris non plus à le dire ni à le montrer, trop de pudeurs et des mots avalés.
Et à toi, ma mère, qui a su m'aimer, me le montrer à ta façon, peut-être trop couvée, comment pourrais-je te le reprocher, mais qui n'a pas appris à te respecter ni à exprimer tes émotions refoulées et qui en a payé et en paye les effets...
J'aimerai te porter, t'aider , mais les rôles se sont parfois trop inversés et je n'arrive plus à composer avec mon impuissance à peine masquée.
Et toutes ces disputes qui se créent...et je ne comprenais plus ce que pouvait vouloir dire aimer.
Si c'était comme ça la seule manière de parler, de dire ce qu'au fond de soi vous n'arriviez plus à exprimer. Tout ce que l'autre ne voulait ou ne pouvait écouter.
Être ensemble, est-ce voué à ne plus pouvoir se supporter, mais rester jusqu'à se renier...?
J'ai grandi avec cette idée..
Vous habituant à cet amour pour moi falsifié.
Malgré tout je comprends , j'en connais les raisons lointaines et inavouées, et que vous ne maitrisez, mais cette idée me dérangeait n'arrivant pas à laisser de côté toutes les craintes que je m'étais créées, et que malgré vous vous m'avez en partie inculquées.
Mais j'ai continué à avancer et malgré tout je sais que je vous aime, même si le dire n'est pas sans peine, pour qui a trop retenu ses sentiments cachés.
Je sais que vous avez fait ce que vous pouviez et que vous continuez.
Je connais aussi vos blessures d'aujourd'hui et vos carences du passé.
Avec lesquels vous aussi vous composez.
Mais ça m'a manqué, même si rien n'est jamais parfait.
Ce ne sont pas des reproches, juste des regrets.
Même si certainement ces mots jamais vous ne les lirez.
Mais maintenant je dois essayer de composer avec tout ce que je n'arrive pas à mettre de côté.
A quoi sert de remuer le passé, s'il ne peut vous aider.
J'aimerais une main pour me guider.
Mais si je ne sais l'attraper, j'ai tout aussi peur de la happer ou de la voir subitement s'envoler.
Je ne veux nullement de la pitié, ni être celle dont le défi serait à relever, car j'ai déjà donné.
Mes ailes s'y sont brulées.
Je ne veux plus de ces craintes qui m'empêchent de me laisser aller à aimer et à l'exprimer, me projetant toujours dans l'idée que je puisse me tromper.
Personne ne le sait d'avance si cela peut marcher et combien de temps durer.
Mes peurs j'aimerais alors les déposer dans un coffre scellé, dont je perdrai la clé.
Je pourrai alors m'abandonner, sachant aimer, voir l'être aimé, plus que les objets de mes craintes peut-être infondées....

4 commentaires:

Renaud a dit…

L'écriture a tant de vertus, qu'à elle seule, elle peut justifier des années de solitudes pour retrouver son chemin dans la sombre forêt.
Sinon, il y a des lutins tout débiles dans ces bois qui ont l'oreille attentive, au cas où...
Tous mes encouragements
Bisous =)

Dave a dit…

Lui: Les ailes repoussent, sois-en certaine. Elle : Pourquoi faire, pour mieux se les brûler de nouveau ?
Lui: Pas forcément. Et c'est justement cette idée qu'il faut combattre.
Elle: Mouais... Plus facile à dire qu'a faire.
Lui: Où l'inverse, selon les cas...

Maître Yoda dirait : "Un peu de poudre magique te donner je vais, quelques poutoux t'envoyer je vais, un soupçon d'espoir tu vas éprouver, et la clef alors tu vas trouver"

Karine a dit…

Quoi de mieux qu'exprimer la douleur pour la rendre plus supportable?
La lumiere est au bout du chemin...

Lalwende a dit…

Merci à vous tous vos messages me touchent.
Ce message est surtout un exutoire mais il réflète une humeur d'un moment, d'un jour pas forcément une constante avec laquelle je vivrai en permanence ou dans laquelle je me complairais ;).
Cela permet de mettre un peu plus au clair avec les mots des pensées qui parfois s'embrouillent. C'est une des fonctions "thérapeutique" de l'écriture. Essayer de dépasser ce qui parait difficile avec sa propre nature.
Mélange de force et de faiblesse tout en restant digne et qui permet de continuer à avancer, de tenter de se comprendre et de comprendre les autres et de trouver une forme d'équilibre qui permet de sentir en accord avec soi et avec les autres.
Difficile entreprise, mais j'y travaille depuis des années, c'est long, mais je vois déjà le chemin parcouru malgré tout.
Après il y a toujours des choses plus difficiles à se défaire mais certainement pas impossibles.
Je pense que ce qui nous arrive n'est jamais là pour rien si nous savons en tirer une réflexion , un sens.