dimanche 14 juin 2009

Léonard Peltier



"Je reconnais mes insuffisances comme porte-parole, mes nombreuses imperfections comme être humain. Et déjà, comme les Aînés me l'ont enseigné, oser prendre la parole est mon premier devoir, ma première obligation pour moi-même et pour mon peuple. Parler à votre esprit et votre coeur est la Voie Indienne. Dans la Voie Indienne, la politique et le spirituel sont une seule et même chose. Dans la Voie Indienne, vous ne pouvez pas croire une chose et en faire une autre. Ce que vous croyez et ce que vous faites sont la même chose. Dans la Voie Indienne, si vous voyez votre peuple souffrir, l'aider est une nécessité absolue. Il ne s'agit pas d'un acte de charité ou d'assistance sociale, c'est un acte spirituel, une action sacrée."


Léonard Peltier

Je voudrai rendre hommage, et par la même dénoncer l'inacceptable, parce que cela me touche par rapport à mon approche de la vie, mes croyances, mais aussi en tant qu'être humain tout simplement, en parlant ici de Léonard Peltier, militant amérindien, condamné à mort et emprisonné le 2 juin 1977 soit depuis 32 ans aux états unis sous des accusations falsifiées. Il est aujourd'hui le plus vieux prisonnier politique, d'un pays qui se veut démocratique mais dont sait que les droits de l'homme y sont en permanence bafoués.

Le véritable tort de Léonard Peltier? Sans doute celui d'être "Indien" et vouloir défendre le droit de ce peuple....Il avait établi une organisation, AIM: American Indian Movement, organisation non violente, mais dont les actions étaient spectaculaires pour faire parler de la cause des amérindiens, par exemple l'occupation du Bureau des affaires indiennes à Washington. Très vite cette organisation fut considérée comme subversive par le FBI et ses leaders des ennemis potentiels des Etats-Unis.

Vous pouvez trouver un article très interessant à ce sujet sur l'histoire du mouvement indien et de Léonard Peltier: http://www.monde-diplomatique.fr/2002/12/BERTET/17255


"Peindre est un moyen d'examiner le monde, ce dont le système judiciaire des Etats-Unis m'a privé. C'est un moyen de voyager au-delà des murs et des barreaux de ce pénitencier. A travers mes peintures, je peux être avec mon peuple, en relation avec ma culture, ma tradition et mon esprit. Je peux observer de jeunes enfants souriants danser dans leur costume traditionnel, voir mes ancêtres en prière, soutenir le regard intense d'un guerrier. Lorsque je travaille ma toile, je suis un homme libre."



Dans un livre "Ecrits de prison: le combat d'un indien" qu'il a écrit il y a presque 10 ans :

"j'ai décidé que le temps était venu d'écrire, de mettre en mots mon testament personnel, non pas parce que j'ai l'intention de mourir, mais parce que j'ai l'intention de vivre. Ceci est la 23e année que je passe en prison pour un crime que je n'ai pas commis. J'ai un peu plus de cinquante-quatre ans aujourd'hui. Je suis donc ici depuis l'âge de 31 ans. .. L'espérance de vie d'un Indien étant de 45 ans aux Etats Unis, on m'a dit que je devrais vivre deux vies, plus 7 années pour voir le jour de ma libération, fixée en 2041. J'aurai alors 97 ans. Je ne crois pas que j'irais jusque là. Ma vie est une souffrance qui n'en finit pas. J'ai l'impression d'avoir passé cent vies en prison. C'est peut-être le cas. Mais je suis prêt à en passer des milliers d'autres pour le bien de mon peuple. Si mon emprisonnement ne faisait qu'informer un public ignorant des terribles conditions que les Indiens et les autres peuples autochtones connaissent encore dans le monde aujourd'hui, alors ma souffrance aurait et continuerait d'avoir un but."


Le 11 octobre dernier lors d'un rassemblement ayant eu lieu à Paris en faveur de la défense des peuples indigènes d'Amérique, le président du Comité de soutien à Léonard Peltier a lu ce texte:


« Salut à tous mes parents présents partout dans le monde ! Je suis particulièrement désolé de ne pas pouvoir être parmi vous aujourd’hui. Je suis profondément honoré de pouvoir vous parler même si c’est par la voix de quelqu’un d’autre. D’abord, je veux vous féliciter pour le dévouement avec lequel vous défendez les droits des peuples indigènes partout dans le monde. La prison est une façon d’approfondir sa réflexion comme cela doit être le cas, je suppose, de toute forme d’isolement.

Dans ma réflexion, je suis souvent parvenu à la conclusion que ma relation avec le Créateur, ma famille, notre terre, mes amis et parents indigènes est la chose la plus importante pour moi. J’essaye de suivre ce qui se passe dans le monde par tous les moyens de communications possibles. Je sais que beaucoup d’entre vous sont persécutés et chassés de leurs maisons dans leurs propres pays. Je sais que beaucoup d’entre vous sont exploités, que leurs ressources leur sont arrachées et je sais aussi que souvent vos frères sont tués parce que des multinationales veulent s’emparer des richesses de votre terre.

Je veux que vous sachiez que pour moi nous avons un ennemi commun. Cet ennemi commun a plusieurs visages. Il parle différentes langues et porte différents uniformes. Mais sa motivation reste toujours la même ; cet ennemi est motivé par son obsession de la richesse et par son avidité, arrachant toujours à la terre plus qu’il n’a besoin. Je ne peux pas dire que je connais la solution pour notre survie. Je suis sûr qu’il n’existe pas une seule réponse mais je crois vraiment que quelle que soit cette réponse, elle doit commencer par s’appuyer sur nous. Nous devons trouver les moyens de nous rendre forts, de rendre nos enfants forts, de rendre notre foi forte ainsi que notre lien avec le Créateur.

Nous devons apprendre à utiliser les outils d’aujourd’hui pour nous protéger demain contre les défis de leur avidité. Nous devons sans relâche enseigner à nos enfants à se défendre. Nous devons sans relâche mettre en garde nos enfants afin qu’il ne deviennent pas comme notre ennemi. Nous devons avec acharnement apprendre à nos enfants à respecter notre Mère Terre, le Créateur, leurs amis et à comprendre la vision de leurs frères, en restant vigilants et très attentifs à leurs terres et leurs ressources.
Quelqu’un a dit un jour que la plus grande bataille qu’un guerrier doit mener est celle qui est à l’intérieur de lui-même. Nous devons nous développer d’abord et ensuite savoir faire preuve d’autodiscipline et de respect de nous-mêmes au sein de notre propre communauté. J’ai vu maintes et maintes fois que certains de nos frères se sont détruits eux-mêmes à l’intérieur de leur propre organisation avant d’affronter leurs ennemis.

J’espère n’avoir offensé personne par mes paroles ; je suis simplement honnête et je souligne les défis les plus importants auxquels nous devons faire face. Nous ne pouvons exiger la défense de nos droits, le respect des autres et la liberté sans être en position de force. Un des moyens pour accroître notre force est de rechercher continuellement à développer notre réseau de relation, à former des alliances comme nous le faisons aujourd’hui.
Aussi nous devrions chercher à apprendre au monde nos traditions qui nous ont permis de survivre ainsi que la plus grande œuvre du Créateur qui est notre Mère Terre. Nous devrions apprendre au monde que le technologie la plus moderne dans tout l’univers est celle du Créateur. La chose la plus productive que nous pouvons faire et de rechercher à vivre en harmonie avec cette technologie, avec l’environnement que le Créateur nous a offert. Et peut-être qu’en développant cet enseignement nous trouverons un moyen de détruire nos ennemis en les transformant en amis. Dans le même temps, nous devons rester forts et rendre forts nos enfants. Nous devons faire avancer nos réseaux et nos alliances.

Mon cœur et mon amour sont avec vous, de même que mes pensées et mes prières.
"


Je vous laisse sur ces paroles....


6 commentaires:

Karine a dit…

Ca me prend au tripes; je n'arrive pas a voir plus loin...
bisous

Renaud a dit…

C'est très touchant Lalwende. Je suis désolé mais même si j'en ai long à dire, il me manque quelques forces pour commenter...

esquisse a dit…

C'est tellement simple et facile quand on a le pouvoir d 'enfermer et d'écarter se qui ne rentre pas dans le moule...
quel message a retenir pour ce peintre de liberté derriere les barreaux a perpétuité...celui de ne pas se résigner a suivre ces routes biens pavées pour retrouver l'odeur et le plaisir de nos petits sentiers.Comment aller a l'encontre avec lintelligence de la nature ,contre un peuple formaté nourrit de literrature.Espoirs de soutiens d'autres terriens en coléres ceux qui ont compris que la seule guerre a mener est celle de la maniere...La richesse des uns et le savoir des autres pourraient a l'unisson trouver une parade,s'accorder le droit d'evoluer sans trop de barrieres.
Explications hatives et infonder du droit de respirer,par rapport a la couleur de peau,ou a tes origines... tant que ses regles seront en vigueurs,l'avenir de notre belle terre et de ceux qui la venerent aura du mal a changer d'athmosphere,j'en ai bien peur!
Lalwende je suis venu trois ,quatre fois,j'ai relu et réecrit a chaque fois pour tout éffacer ensuite,...je laisse celui la avec encore ce gout d'insatisfait,il manque a mon gout quelques mots pour retranscrire ces sentiments,a moins qu'ils n'existent que pour l'esprit d'anciens vivants!

Lalwende a dit…

Je comprends qu'on ait du mal à écrire beaucoup ou à trouver véritablement les mots qui reflètent nos pensées et nos ressentis dans ces cas là. C'est sans doute pour ça que j'ai préféré laissé plus de place à ses mots à lui, à ses écrits. Lui à qui ont veux renier ses droits, sa place. Son humanité et son rôle ne s'en trouve que plus renforcer.
Mais l'inacceptable et l'intolérable est là. Beaucoup de gens se mobilisent pour lui depuis des années et rien n'y fait. Trop d'enjeux politiques derrières...en même temps il ne faut pas renoncer, notre combat pour lui n'est rien à côté de celui qu'il doit affronter tous les jours.

Esquisse, il y a ce que l'on écrit et qui peut nous laisser un gout d'imparfait face à notre sentiment d'impuissance par rapport à tout ça. Il n'empèche que je trouve que tu exprimes bien ce qu'il en est et même si les mots ne semblent pas assez forts , je crois que je comprends ton ressenti et que je le partage :)

Karine, oui cela prend aux tripes c'est le terme.

Renaud, ne sois pas désolé, parfois il n'y a pas besoin de dire beaucoup pour montrer que l'on n'est pas indifférent. Et puis il faut aussi savoir penser à soi.

Merci à vous.
Bizzzzzzzzzz

Seilenos a dit…

Lu et approuvé.

Ah j'ai réussi faire plus court !

Blague mise à part, si je ne me retenais, je ne pourrais tarir de mots concernant l'injustice dont cet homme est victime, et nous sommes au 21e siècle, donc le progrès n'est bien qu'un mythe.

Seilenos a dit…

J'ajoute un lien vers un excellent article qui parle des combats (au sens littéral) que mènent des natifs, au Pérou, contre l'exploitation minière et pétrolière abusive de leurs terres... Il y a eu des véritables affrontements entre eux et le gouvernement du pays.

http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/home-les-images-que-vous-ne-verrez-57652